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In tricot veritas
3 août 2005

Des éléphants en Savoie

Je vois que Bulle a une mémoire d'éléphant... aujourd'hui, ce (le tricot) sera en bas !

Je ne suis pas savoyarde. Mais j'ai décidé de faire un peu visiter à mes lecteurs cette région où je vis, le temps d'un été. La Savoie n'est aujourd'hui qu'un département français, mais autrefois, les Etats de Savoie remontaient jusqu'à Mâcon, s'étendaient vers l'Italie (Piémont, vallée d'Aoste et Sardaigne), la Suisse (comté de Genève, Valais, pays de Vaud) et incluaient également des terres aujourd'hui dauphinoises, lyonnaises ou provençales (comté de Nice). La Savoie, une des régions appartenant aux Etats de Savoie, fut d'abord un comté, puis un duché, donc complètement indépendante de la France avant d'y être définitivement rattachée en 1860, en même temps que le comté de Nice, et coupée administrativement en deux départements, Savoie et Haute-Savoie. Elle présente donc beaucoup de similitudes avec l'Italie (le Piémont et Turin) et le sud de la France.

Mais elle a aussi des liens avec l'Afrique et l'Asie...

yel1Il y a sûrement eu des mammouths dans les Alpes aux temps glaciaires, mais la présence de leurs descendants, les éléphants, est une certitude.

D'abord ceux d'Hannibal, pas celui du Silence des agneaux, mais celui de la deuxième guerre punique ; ce jeune prince carthaginois de 27 ans à peine la déclenche en 219 avant JC en débarquant en Espagne, et parce qu'il veut porter la guerre en Italie, traverse la péninsule ibérique et la France, franchit les Pyrénées et les Alpes avec ses cavaliers, ses fantassins et surtout ses 37 éléphants ! Africains les éléphants. Avec de grandes oreilles. Pour chasser les mouches (les mouches savoyardes sont redoutables !).

Puis il y eut le général Benoît de Boigne (1751-1830), natif et bienfaiteur de Chambéry. Sa vie mouvementée le conduit en particulier aux Indes où il se préoccupe, le premier paraît-il, de la conservation du Taj Mahal. Revenu riche, il fait percer en 1824 face au château la rue de Boigne, bordée de portiques en arcades sur le modèle turinois, portiques sous lesquels s'abritent les commerces.

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Pour le remercier, la ville érige en 1838 à l'autre bout de cette rue la Fontaine des éléphants : quatre éléphants tronqués disposés en croix de Savoie, et soutenant une colonne avec le général tout en haut, dressé face au château.

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Indiens les éléphants. Avec de petites oreilles. Un éléphant ça trompe, alors quatre... Ici, ils sont affectueusement surnommés les "4 sans cul"...

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Chambéry est la capitale de la  Savoie avant d'être remplacée par Turin en 1563. Le château acheté en 1232 est toujours là, remanié bien sûr, et abrite aujourd'hui la Préfecture et le Conseil Général (vue générale du château il y a quelques années ici).

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Face à la ville, en haut du grand escalier, la statue des frères de Maistre, chambériens (18ème siècle) : Joseph le magistrat, philosophe et politique, et Xavier le militaire, moraliste et conteur, auteur du Voyage autour de ma chambre.

La construction de la Sainte Chapelle dont les vitraux ont été restaurés récemment, est entreprise en 1408 : elle y abrite le Saint Suaire de 1502 à 1578, date de son départ pour Turin, Saint Suaire qui a manqué y rester (au sens propre comme au figuré) lors du grand incendie de 1532 !

Façade arrière de la Sainte Chapelle (l'entrée se trouve dans la cour du château)
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A l'intérieur, de très belles peintures gothiques en trompe-l'oeil (datent de 1836). Mais elle est surtout connue pour abriter le plus grand carillon européen et pour organiser chaque année les campanaires internationales qui viennent juste de se terminer. Elle y a vu célébrer les grands mariages de la Maison de Savoie comme celui de Louis XI, alors dauphin de France, avec Charlotte de Savoie en mars 1451, mais aussi celui de Lamartine, en 1820, avec une anglaise, Mary-Ann Birch (et c'est là qu'on retrouve le tricot ! Vous saviez, vous, que Sharon Miller, avait donné le nom de la femme de Lamartine à un de ses châles ?). Trois ans après le décès d'Elvire... (le mariage, pas le châle !).

On redescend dans la ville basse en passant le portail Saint-Dominique, vestige d'un ancien couvent de dominicains :

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La place Saint-Léger, perpendiculaire à la rue de Boigne et quasiment au pied du château est une grande place piétonne avec de nombreux hôtels particuliers plutôt du XVème et XVIème siècles ; de l'ancienne église Saint-Léger, il ne reste plus que l'horloge. Les façades repeintes il y a quelques années dans les tons ocres, jaunes, roses ajoutent de la gaîté à la curiosité des nombreuses et étroites "allées" qui courent en labyrinthe sous les immeubles (les allées de Chambéry sont l'équivalent des traboules lyonnaises). Ces allées, sorte de voirie "souterraine", permettent d'économiser de la place, un peu comme Monaco qui est truffé de tunnels pour circuler, faute de place dans la ville. Une petite visite sur ce site s'impose pour ceux qui voudraient voir l'envers du décor).

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ch10La rue Basse-du-Château, vestige du XIVème, qui relie cette place au château, était la voie de passage obligé des marchands, pélerins ou soldats qui venaient d'Italie. Ils y croisaient (sans s'arrêter ?) des femmes de petite vertu portant un foulard rouge autour du bras.

C'est la seule rue ayant conservé sa passerelle couverte en bois qui relie les immeubles, les autres ont été détruites car elles sont une voie idéale de propagation du feu en cas d'incendie. On trouve encore dans cette rue des "banches", étals en pierre devant les boutiques (à l'époque, le commerçant y avait plus de lumière qu'à l'intérieur de son échoppe).

Après les dominicains, les franciscains...

Les franciscains, ceux de St François d'Assise (qui aurait sûrement aimé les éléphants) arrivent très tôt à Chambéry, et construisent un couvent au début du XIIIème siècle. Le couvent est aujourd'hui le Musée Savoisien, seule l'église a gardé sa fonction première. L'église St François d'Assise, de paroisse devient évêché en 1777, puis archevêché en 1817 et en profite pour changer de nom : St François de Sales prend la place de celui d'Assise...

Elle est assez sobre, à l'image de l'ordre franciscain de départ
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mais elle recèle de superbes peintures en trompe-l'oeil (1834)
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Réalisées en grande partie par le même artiste italien, Casimir Vicario qui a peint la Sainte Chapelle, elles constituent un art assez rare qui ne s'est malheureusement pas développé.

Et qu'est-ce qu'on trouve dans le Trésor de la cathédrale ? Un beau dyptique de Beatrix de Savoie, du Xème siècle, en ivoire... d'éléphant. Désolée, pas de photo !

La rue Croix-d'Or, toujours dans le vieux Chambéry, possède les plus beaux hôtels particuliers, surtout du XVIIème et XVIIIème siècle. La cour intérieure de l'hôtel de Chateauneuf (XVIIème) donne sur le chevet de la cathédrale par une magnifique grille en fer forgé restaurée et classée :

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ch15Il suffit de lever les yeux dans cette rue, ou de rentrer dans les cours pour y découvrir de nombreux petits trésors comme la fenêtre ci-contre.

Il y a aussi l'hôtel de la Pérouse avec dans sa cour intérieure sa fontaine du coeur flambant, qui va inspirer Daniel Rops en 1947 pour une de ses oeuvres.

La rue Croix-d'Or débouche sur la place du théâtre Charles Dullin, construit en 1824 grâce aux finances du général de Boigne. Suite à un incendie, sa reconstruction (architecture interne) est une copie miniature de la Scala de Milan. Il y a décidément beaucoup d'incendies à Chambéry !

Les norvégiens sont-ils des mammouths ?

C'est la question que je me pose après avoir fini le corps de mon pull. Je savais qu'ils étaient grands, mais quand-même... J'ai fait la taille S/M et j'ai enlevé quelques mailles pour avoir une coupure de motif sur le devant qui passe par le milieu d'une fleur. Largeur du pull ? 110 cm ! Ou alors les norvégiennes ont une poitrine d'enfer ? Ca doit être ça...

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Je les tricote à la Fair isle, c'est-à-dire en rond jusqu'au bout ; ici, aucune des encolures n'est encore coupée et le pull aux fleurs fait plutôt sac à patates... Mais je vais l'abandonner pour quelque temps, histoire de démarrer un autre projet.

Toujours dans le végétal, mon LBS/Feuillage continue d'avancer, mais il est peu présentable pour le moment et il s'excuse...

Là, on passe dans l'animal, et celui-là, il ne s'excuse pas :

planqué, va !
copie_de_p7300028

Luisa m'a donné quelques nouvelles de la dentelle pita, merci beaucoup à elle, mais je vous raconterai ça la prochaine fois (je pense que pour aujourd'hui, ça suffit ?). Je vois que le Moyen Age inspire de nombreuses communes pendant l'été, c'est bien, c'est une époque passionnante ; j'ai trouvé un site qui répertorie de nombreux groupes de passionnés de cette époque à travers le monde, le groupe qui a animé les Médiévales du Bourget était un groupe savoyard, les Indépendants réunis.

Et pour terminer sur les éléphants et les animaux, si vous avez envie de rire, lisez !

A bientôt, vale,

Christine

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Commentaires
P
Merci de présenter notre ville de cette façon.<br /> Simple et efficace. Custodibus Istis.
G
Bien reçu ta réponse et je suis toujours heureuse de te lire. Toute mon amitié et j'espère avoir plus de temps à la rentrée pour retrouver toute la communauté des blogs. A plus. Sincères amitiés.<br /> Agnès.
Q
...peut mener à tout même en Savoie. Comme toujours, c'est un véritable régal que de te lire et d'admirer tes tricots (merci pour ta proposition ;-), dès que je m'en sentirais capable je ferais certainement appel à tes lumières).
H
... Je suis un peu fainéante ! Mais cet encours tricot est vraiment splendide !<br /> Et puis le chat qui le surveille est vraiment craquant
D
Super les animaux "délirants", je ne dis pas que je vais tester les recettes sur mes prochains invités , j'ai envie des garder comme amis !!!<br /> Ton pull norvégien est splendide, mais c'est vrai qu'en général les norvégiennes sont des sacrés morceaux !!! Et ton futur FI , j'ai hate d'en suivre la réalisation.
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