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In tricot veritas
25 août 2005

On m'en veut ! Si !

A peine sur pied, le temps de faire un post, et hop, il a fallu que je reformate le PC. Une après-midi entière à jongler avec les abraracourcix1CD et les ZIP, les logiciels et la connectique. J'adore ! Le lendemain, imprimante out, il a fallu que j'en rachète une autre. Et ce matin, plus de scanner dans mon PC ! Je vérifie les câbles, je réinstalle le logiciel, idem. Il marchait hier ! Je finis en désespoir de cause par supprimer la rallonge USB pour brancher l'appareil directement sur le PC, ce qui m'a obligée à déménager une partie de mon bureau... Ca marchait, ouf, apparemment seule la rallonge est fichue.

Mais qui m'a jeté un sort ? Je veux un coupable ! Qu'on avoue, qu'on se dénonce. Mes misères informatiques n'arrêtent pas depuis le début de l'année, je craque. Et que le ciel arrête de me tomber sur la tête, par Toutatis.

Bon, le moment d'humeur étant passé, me revoilà. On va parler tricot aujourd'hui. Parce qu'on tricote en Savoie... on va donc finir ce petit tour estival dans ma région d'adoption par du tricot "traditionnel" que certaines d'entre vous auront déjà vu, mais c'est si original qu'on ne s'en lasse pas, n'est-ce pas ?

Côté tricot chez moi

Les fins d'été sont propices aux rangements d'hiver divers. Je croule sous les pelotes, il faut impérativement que je vide mes placards, même Oscar ne peut plus s'y cacher, "y'a plus de place !".

Mon nez dans les cartons ne m'a pas empêchée de tricoter un peu. Eh bien, vous n'aurez rien vu mais le voilà fini :

2_tomatecoeur_23aou05

Oui oui, je sais, "toujours le même"... Mais je l'aime bien ce modèle, et je trouve qu'il se prête très bien à la Diva, ici tricotée dans le coloris "tomate". En fait, c'est "tomate-séchée-italienne-en-bocal", un rouge brique sombre, ni rouge, ni orange, ni cuivre, ni marron. Un ton superbe. et avec une couleur de feu, les coeurs s'imposent, non ?

J'ai voulu innover, je suis dangereuse, car j'avais la même quantité de fil que pour les autres qui ont consommé la quasi totalité des pelotes... J'ai rajouté un motif coeur et j'ai vu ma dernière pelote fondre, fondre en arrivant à la bordure finale. Je n'allais pas tout détricoter ! Ni commander une pelote pour faire 4 rangs de point mousse ! J'ai donc plongé dans mon carton de restes oranges, et ai trouvé un ton très proche :

3_fils

C'était décidé, on allait alterner les couleurs : un rang de mohair, un rang de l'autre fil (en double), un coup en mailles endroit, un coup en mailles envers, car il fallait quelquefois que je revienne à mon début de rang pour changer de fil. J'avais décidé de rabattre les mailles en mohair, et ai réussi à faire mes 5 derniers rangs de point mousse avec ces deux couleurs. Le petit peloton de Diva sur la photo ci-dessus est tout ce qu'il me reste. Mais je précise que j'avais mesuré mon métrage et fait quelques calculs avant ce numéro de trapéziste ! Surtout en point mousse, la meilleure façon de bien mélanger des deux couleurs est d'alterner la couleur à chacun des rangs ; faire deux rangs ou une barre donnerait un effet de rayure.

L'autre fil est un peu plus lourd, et "plombe" un peu le châle qui y gagne en tomber. Et ça ne saute pas aux yeux qu'il y a deux couleurs à la fin !

4_file00021

Mossbank avance doucement. Les couleurs sourdes sont quelquefois difficiles à identifier le soir avec mon éclairage léger, car il y a peu de contraste entre elles, sauf en ce qui concerne le jaune "burnt umber". Je n'ai même pas fini un motif entier, mais il me plaît déjà beaucoup.

1_mossb23aout

On tricote aussi dans le val d'Arly ...

Il y a un moment que je me pose la question de savoir si on a des tricots "traditionnels" en France, puisque l'élevage de moutons existe depuis toujours, qu'on file la laine et que le tricot émerge au Moyen Age. J'ai pas mal cherché l'an passé, et ne trouvant rien, me suis tournée vers les costumes régionaux, censés véhiculer les traditions locales. Mais ces costumes n'apparaissent pas avant le XIXème siècle !

Je n'ai pas fait de thèse, mes recherches se sont contentées d'Internet, de quelques livres et de contacts, mais je n'ai rien trouvé à part un peu de bonneterie (chaussettes/bas, et quelquefois bonnets). Sauf... dans les montagnes : Pyrénées et Alpes ont une tradition vestimentaire dans le tricot. C'est ainsi que j'avais trouvé que le béret, notre béret si typiquement Frenchie, n'est pas basque du tout, mais béarnais ! Et qu'il était à l'origine tricoté et feutré naturellement pas les intempéries. J'ai aussi trouvé de très beaux tricots et une belle légende dans la vallée de Bethmale, mais c'est en Savoie que j'étais tombée sur les premiers tricots traditionnels il y a deux ans : les "mailles" du val d'Arly.

Le Val d'Arly (zone rose sur la carte) est une petite vallée au nord de la Savoie et tout contre la Haute-Savoie, après Ugine et Alberville, et adossée au Beaufortain. La zone AOC du Beaufort ("gruyère" savoyard) englobe le Beaufortain et une partie du Val d'Arly.

0sav

Le costume régional masculin comporte une "maille" (gilet). Il est traditionnellement tricoté en laine naturelle écrue au départ, et les parements, poignets, col et broderies sont réalisés avec de la laine provenant d'un mouton noir ; la laine filée à trois ou quatre brins est mal décatie et reste imprégnée du suint de l'animal pendant plusieurs années. Les manches sont étroites mais élargies par des augmentations au niveau des coudes qui leur donnent un aspect coudé, et les devants regroupent des points différent séparés par des côtes torses. Le plastron, que ce soit la partie cachée ou visible, est crocheté et rebrodé de motifs variés : feuilles, fleurs, épis de blé, cristaux de neige ; les boutons sont en nacre.

Voilà la "chose"...

1_pr_sidt

qui comporte des côtes marron foncé en bas (peu visibles sur la photo).

Ah oui, il y a un petit air de famille avec les tricots autrichiens ou bavarois ! Pas de torsades, que des mailles croisées qui se promènent sur les devants. :

2pr_sident1

Et voilà les boutons de nacre, les goussets et les broderies sur le plastron crocheté en point tunisien :

3_pr_sidt_point_et_poches

Le col vu de dos :

4_pr_sidt_col

D'où viennent ces mailles qui apparaissent dans la région vers la fin du XIXème siècle ? Il semblerait que vers 1850, des fruitiers (fromagers) suisses, de la région de Gruyère (canton de Fribourg) soient venus en France pour travailler dans les alpages, comme il était de coutume en ces temps-là et portaient ces gilets que les femmes françaises se sont empressées de copier. Des gilets en tout point semblables existent dans les cantons suisses de Fribourg et du Valais depuis le XIXème siècle, ce qui conforte cette hypothèse.

Aujourd'hui, ces gilets traditionnels sont maintenus dans les costumes du Val d'Arly portés par le groupe folklorique La Pastourelle du Val d'Arly ; tricotées serrées en 2, les mailles sont des copies de modèles trouvés dans les greniers, et seules deux personnes savent les faire ! La laine est une laine de pays achetée à Seez, à la filature Arpin.

Autres exemples :

modèle reconstitué
5_gil_2_entier

maille reconstituée (à gauche sur la photo) et d'origine (à droite)
94

Le gilet de droite, ancien, a ses décorations couleur kaki, ce qui ne correspond pas tout à fait à la coutume. Noter les chaussettes, également tricotées avec la laine de pays et en mailles croisées, portées avec un pantalon s'arrêtant au genou comme il était de coutume au XIXème siècle.

La frontière et les rubans perlés

Les costumes régionaux comportent toujours une coiffe, très élaborée chez la femme. En Savoie, il en existe plusieurs, dépendant des vallées, mais la plus connue et appelée maintenant "coiffe de Savoie" est la frontière, qui encadre le front avec une pointe qui revient devant. La frontière est la coiffe de la Haute Tarentaise, et semble apparaître au cours du XVIIème siècle, mais elle s'enrichit au cours des siècles, en particulier grâce à l'apparition de la dentelle, de la soie et des rubans.

Les cheveux nattés à l'arrière de la coiffe avec des rubans colorés de laine ou de soie, et un très long de velours noir, forment la "couache" . La frontière elle-même est décorée de rubans, de broderies (fils de soie, d'or et d'argent), et le dimanche ou les jours de fête, elle est agrémentée d'un très gros noeud plat à l'arrière, la "cordette".

La bride de la frontière n'enserre pas le menton, mais descend au bas du cou. Et la plupart du temps, elle était tricotée et emperlée en même temps.Je vous remercie pour vos messages de sympathie, et vous souhaite une excellente fin de semaine.

A bientôt, vale

Christine

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Commentaires
N
vraiment beau à voir je ne connaissais pas la Savoie et je trouve que c'est magnifique et tes ouvrages le sont aussi je me suis arréter sur le tricot et les perles catr je ne connaissais pas il est vrai que les aiguilles doivent etre fines et travailler avec du fil ou du coton très fin merci de la visite bisou
C
Vraiment passionnant!<br /> Je me souviendrai du truc pour la bordure du châle; il est splendide!
C
Tes coeurs sont superbes et le mélange des deux fils pour le bord est très réussi ! <br /> Très intéressant exposé :-) et très beaux gilets !
L
Ah la tomate sechée, elle est admirable! Et mossbank également, il me semble très prometteur. Et puis comme d'habitude on vient chez toi pour apprendre quelque chose. Bravo!
S
Une jolie pirouette! ton châle est simplement sublime !
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