Les lettres de mon moulin
Ah ! si j'eusse su !
Je voulais un moulin. Pas un moulin à eau, à huile, à farine, ou à papier, mais un moulin à vent. J'allais donc à la Braderie de Lille (2 et 3 septembre 2006) ; "on y trouve tout" m'avait dit mon hôte.
Notamment moult moules molles.
Dans cette partie des Flandres, les foires commerciales se tiennent dès le XIIème siècle, mais c'est au XVIème que se manifestent les premiers "bradeux" : les valets pouvaient vendre à leur profit les vieilles affaires de leurs maîtres, mais comme ils devaient être de retour pour le lever de leur patron, ils bradaient leurs objets pour se libérer avant le matin. Dans le passé, point de moules ni de frites (qui n'apparaissent qu'à la fin du XIXème siècle), mais des viandes et des harengs rôtis.
La Braderie attire de plus en plus de monde, vendeurs comme acheteurs. Pour apporter de l'eau au moulin de mon hôte, je constatais qu'on y trouvait effectivement de tout en matière de moulins.
Des objets classiques ou insolites
(à droite : moulin à prières tibétain)
Des moulins bleus de Delft, ou rouge de Lille.
Et un petit objet qui me tenta.
Je le pris dans ma main. Malheur ! La vendeuse se précipita sur moi.
- "Mouds", me dit-elle.
- "Mou ? ... Ah ! Je ne vous ai pas autorisée à me tutoyer !
- Alors moulez !"
Je me retournai vers mon hôte : "moulons-nous ?
- Si nous voulons", répondit-il.
- "Et si nous moulions", ajoutai-je à l'intention de la vendeuse, "est-ce que vous moudriez aussi ?
- Non, je me fatigue en moulant.
- Donc vous moulûtes déjà ?
- J'ai moulu pas plus tard qu'hier, mais le moulage me décourage et la mouture me sature.
- Ah ! j'aurais pourtant bien aimé que vous moulussiez devant moi ...
- N'insistez pas, moudre me moud, m'a toujours moulue et me moudra encore. Alors, vous me le prenez ce moulin ?".
Enervée, elle commençait à agiter les bras comme les ailes d'un moulin, et je m'éloignai rapidement.
A propos de moulinets, il y avait aussi du mouliné mais je n'étais pas venue pour ça.
Je voulais un moulin. Mais pas un truc pour moudre ! Un moulin à vent, quoi...
Mon hôte m'emmena alors dans le quartier des moulins de Lille, autrefois partie de Wazemmes, mais séparé de cette commune depuis le XIXème siècle. Wazemmes, ah oui, c'est la lainière ! Le Nord est hérissé de moulins à vent et à eau depuis des siècles, et Lille, grande productrice d'huile, n'en compte pas moins de 448 en 1835 (voir la carte). Les moulins à huile ont de grandes ailes garnies de toiles rouges comme on peut le voir ici, et si l'on se passionne pour les moulins, on peut aller au musée des moulins de Villeneuve-d'Asq, ou au moulin à laine, mais c'est un peu plus loin, au Québec...
Cette région lilloise très pittoresque attire depuis toujours les touristes :
Mais à défaut de me battre contre les moulins à vent, je pense aux comptines de mon enfance...
Meunier tu dors, par exemple. Ton moulin va trop vite, ton moulin va trop fort.
Et au lieu de dormir, n'eût-il pas fallu qu'il moulût ?
Une autre petite comptine, Les ailes du moulin :
Les ailes du moulin
tournent tournent,
les ailes du moulin tournent bien.
Cric crac cric crac, elles vont moudre le grain,
cric crac cric crac, apporté de bon matin.
Et ce bruit de "cric crac" me fait maintenant penser à Zazie, la tête toujours dans le sac tricot. Eh bien voilà, je l'ai enfin trouvé mon moulin !
Mon (mes) pinwheel(s)
J'ai terminé mon Pinwheel pullover, que j'ai adapté en taille 3 ans. Un 3/4 ans finalement.
J'y ai apporté quelques modifications : manches longues, côtes rajoutées en bas du corps et remplacement du col "cheminée maoïste" par un col plus classique.
Les vraies couleurs sont nettement moins fades que sur les photos ci-dessus :
C'est un modèle assez amusant à faire. Tellement que j'en ai un autre en cours de route ! Toujours en acrylique, mais en Roma Print de Scheepjes. Il a peu progressé depuis la dernière fois...
Et ça tourne encore
Et pour terminer la séquence tricot, quelques modèles plein de trous pour l'arrière-saison disponibles en français vous savez où maintenant :
Aran weight lace shell, Sonata crest of the wave et Reid
A bientôt, vale et très bonne rentrée !
Christine (PS : on m'excusera s'il y a des erreurs sur Lille, je n'y suis jamais allée, et encore moins à la braderie. Mais j'aimerais bien !)