L'aiguille en défaite !
Ma petite semaine de vacances s'est achevée. Quelques jours passés à Paris et quelques heures à l'Aiguille en fête m'auront finalement plus fatiguée que reposée.
L'édition 2008 du salon mettait le Japon à l'honneur, et je me réjouissais déjà de pouvoir contempler des Noro partout, et d'autres grands noms de fils à tricoter. J'avais bien sûr préparé ma carte bancaire à de nombreuses sorties vu le nombre de sollicitations auxquelles je m'attendais. On accèdait au salon par l'entrée "jardin tricoté", d'excellent augure pensai-je, mais quelque 170 exposants plus tard, je devais bien me rendre à l'évidence : nos aiguilles à nous les tricoteuses, n'étaient pas en fête en ce lieu. Il y avait beaucoup pour le patchwork, un peu pour la dentelle (le Puy, Binche en Belgique) et ++++++++++++++ pour le point compté !
Que je vous raconte.
D'abord, n'y allez surtout pas le matin de l'ouverture ! Ou alors, soyez expertes en crawl et jeux de coudes divers pour progresser dans le flux de visiteurs (surtout à contre-courant !). Vous voulez accéder à un stand ? Il faut lutter contre les courants inverses et savoir s'extirper de la marée humaine comme des sables mouvants. Quelquefois, il faudrait presque se battre ! Vous voulez déjeuner à midi ? Il faudra vous contenter d'un sandwich, ou d'un croque-monsieur, pas de restaurant à l'horizon, c'est lamentable comme organisation. Une chaise pour s'asseoir ? N'y pensez pas ! Il y en a quelques-unes, prises d'assaut, et à midi, c'est marée haute, les visiteurs se déposent par vagues sur les escaliers, jusqu'en haut. Et surtout, mettez une armure pour vous protéger des coups de roues divers : fauteuils de handicapés, poussettes, valises à roulettes et caddies divers (vous savez, le petit truc à roulettes qu'on traîne derrière soi pour aller au supermarché).
A peine franchi le fameux seuil du jardin tricoté, nous voilà submergés par Phildar : à droite, à gauche, un peu plus loin, c'est rose et c'est Phildar. Le Speed knitting a peu de succès malgré les appels répétés au micro par les animateurs/trices :
J'étais scotchée par le dossard en tricot, même pas aux couleurs de la marque !
Non, je n'ai pas participé !
Un peu plus loin, des mannequins avenants parlant de Rowan, Gedifra nous laissent croire qu'on va voir des pelotes partout.
Et on tombe sur Kitmania, une marque française qui créée des kits de tricot pour enfants de 0 à 4 ans. Je ne connaissais pas, j'aime bien.
Ah ! de l'original : Habu textiles, un américain qui créé des textiles originaux et importe des fils à tricoter du Japon. Chers les fils. On se contentera de les regarder (photo ci-dessous à gauche).
Ah, mais que vois-je ? Enfin de la Noro (photo ci-dessus, à droite) ! Bizarre, il n'y en a pas beaucoup, et j'aperçois les petits sacs en papier d'Elle tricote... Ce n'est pas un stand Noro, mais le stand des Trésors d'Emi, un magasin situé en Loire-Atlantique qui distribue beaucoup de fournitures pour la broderie, mais aussi les laines Noro et les kits d'Elle tricote. Danièle Diétrich était d'ailleurs sur le stand (au fond). Je reste sur ma faim, il y a peu de laine, je continue ma route.
De l'angora ! en plus, des voisins ! Rev'Mohair, éleveur de chèvres angora en Savoie et producteur de fil à tricoter, appartenant à l'association du mohair des fermes de France. Je connais bien ces fils, je les vois régulièrement à Crest. Mais là aussi, petit stand et peu de laine : ce sont les produits finis qui sautent aux yeux (photo de gauche).
Un joli stand avec de la layette sur un fil attire mon attention (ci-dessus à droite). C'est l'association L'école des grands-parents, qui tricote pour les démunis et les maternités (il paraît qu'il y a beaucoup de femmes qui accouchent sans avoir quoi que ce soit pour leurs bébés, faute de moyens).
Ne perdant pas espoir de voir un stand de laines, un vrai, avec des pelotes partout, je continue dans les allées et débouche sur Gedifra. Eh bien non ! encore une boutique française (Ambiance laine) qui distribue cette marque et Fonty, en pelotes et en cônes (photo de gauche, ci-dessous).
Je passe, peu emballée. Je n'avais pas vu Coats dans la liste des explosants, mais espérais quand-même un stand Rowan. J'ai cherché, j'ai trouvé : de nouveau une boutique française, Morceaux choisis, de la Kid Silk Haze, nature, en spray ou night, peu de coloris, peu de pelotes. Je continue de passer, je suis dépassée par ce salon, si ça continue, je vais trépasser (de désespoir) !
Je termine par Namaste Sathi, fabricant et importateur de matières premières naturelles, basé dans la Drôme, qui oeuvre pour le commerce équitable : fils de chanvre, de lin, d'ortie côtoient la soie recyclée. Petit stand, mais matières originales :
J'ai quitté le salon par la porte par laquelle j'étais entrée, et ai seulement à ce moment, vu d'où venait le nom de Jardin tricoté, en découvrant un tableau saisissant de réalisme dans le coin à droite :
J'étais achevée !
J'avais donc traversé la France pour ne rien acheter sur ce Salon ? Je me suis contentée de livres. Etaient présents Brentano's, les Editions de Saxe, la librairie japonaise Jukundo, et Kaléidoscope, une librairie écossaise où j'ai vu le plus de livres sur le tricot (notamment tous les Nicky Epstein). Je suis repartie avec deux ouvrages :
Le premier, je ne l'avais pas. Le deuxième non plus me direz-vous ! Tout en japonais, ce livre de Toshiyuki Shimada s'intitule
(Concerto pour tricot).
Sous-titré Vintage knitting in tradition, il contient des Fair isle, des arans et de la dentelle Shetland. Magnifique. Je vous laisse regarder quelques photos ici, puis ici, vous en rajoute une et vous mets un lien pour vous donner envie.
Ce Monsieur doit être un passionné de musique. Ces modèles portent le nom de Rondo, Scherzo, Ballade, Chanson de Solveig etc.... Puis j'ai découvert qu'il était le chef du Yale Symphony Orchestra depuis 2005 : je vous en apprends, hein ? En fait, c'est une récidive : certaines d'entre vous le connaissent comme auteur du célèbre Am Kamin. Mais vous saviez qu'Am Kamin (Au coin du feu en français) est une pièce des Scènes d'enfants de Robert Schumann ? Je suis séduite par son talent de créateur et son goût des couleurs.
Mais en attendant de tricoter japonais, je fais du canadien, avec le Sun ray shawl. Et le fil à dentelle peint à la main urugayien coloris Ocher. J'ai eu du mal avec le diagramme, pour moi, il est faux et j'ai fini par le corriger après avoir détricoté 3 fois. De plus, le début est "moche". Je raconterai tout ça la prochaine fois !
A bientôt, vale,
Christine