L'aile ou la cuisse
Alors aujourd'hui, ce sera l'aile. Mieux, les ailes. Je suis gourmande.
Ah ! ces derniers temps, je reconnais que j'ai un peu battu de l'aile : 2 châles en souffrance, non pas qu'ils aient du plomb dans l'aile ou que je me sois brûlé les ailes à essayer de les tricoter, mais la lassitude volant de ses propres ailes est arrivée à tire-d'aile pour me rogner les miennes et m'encourager à virer sur l'aile pour faire tout autre chose. Ce que j'aime bien finalement.
Ces vagues mauves et violettes me donnaient l'impression d'avoir un coup dans l'aile ; quant aux nopes estoniennes pour les avoir essayées dans un début d'Annis, j'ai trouvé qu'elles pouvaient bien attendre encore un peu. N'est-ce pas ?
Donc, sous l'aile de saint Mouton, saint patron des tricoteu(r)ses, je me suis senti pousser des ailes et d'un battement d'aile, d'un seul, j'ai repris ma collection de bonnets. Aujourd'hui, je vous en montre quelques-uns, demain, d'autres.
Les ailes de la victoire
La victoire est représentée dans la Grèce antique par une déesse ailée capable de se déplacer à grande vitesse, Niké (Νίκη = victoire). Cette belle déesse qu'on ne trouve pas que dans les temples grecs ou au Louvre pour la plus connue de ses représentations se loge également dans des godasses et des maillots.
Mais chics et célèbres quand-même...
Le logo de la marque, le swoosh, cette espèce de virgule qui s'est cassé la figure, représente l'aile de la déesse. Tout sportif transpirant du torse et des pieds dans un vêtement ou une chaussure estampillés par la Νίκη moderne est donc censé décrocher la victoire. On l'espère donc puisque la fin de l'ère Adidas (1972-2010) est marquée par la sortie du nouveau maillot de nos bleus en janvier dernier :
Autres victoires qui me semblent plus intéressantes, celles sur la maladie. Tout aussi intéressantes les associations qui viennent en aide aux malades, et en particulier à ceux qui sont atteints de cancer. La chimiothérapie faisant tomber les cheveux, des associations comme Knit Michigan proposent des modèles de "bonnets chimio". J'ai trouvé le Colorful Summer cap très joli et en ai tricoté deux avec des restes.
Bérénice (qui signifie "porter la victoire" en grec),
et Véronique (Veronica, forme latinisée de Bérénice) :
J'ai changé les diminutions du rg 5 : 47 m à la fin du rg me semblant très insuffisant, je n'ai pas fait leurs 4-st. balanced decreases mais des 2-st. balanced decreases que j'ai compensés au rg suivant chacun par 2 jetés.
Et bonne fête aux Bérénice et aux Véronique (4 février) ! 4 février, qui était aussi la journée mondiale contre le cancer.
Les ailes du désir ou le chant des sirènes
Pauvre Ulysse obligé de s'attacher pour ne pas succomber aux chants de ces jolies demoiselles... Car les sirènes vivent sur des rochers escarpés à l'entrée du détroit de Messine et charment les navigateurs de leurs voix pour les entraîner dans la mort.
L'une d'entre elles, Parthénope, ne se remet pas du dédain d'Ulysse alors qu'elle est folle amoureuse de lui. Elle se jette dans la mer et se laisse mourir ; elle va s'échouer sur l'ilôt de Mégaride (aujourd'hui une péninsule de la baie de Naples où se situe le fameux Castel dell'Ovo). C'est sur cet ilôt qu'au 7ème siècle avant notre ère se développe une colonie marchande, Parthénope, première fondation de la ville de Naples. L'actuelle Naples (nea polis, nouvelle ville) se bâtit un peu plus tard, vers -475 avant JC à côté de la première implantation.
Mais saviez-vous que les sirènes antiques n'étaient pas du tout des femmes à queue de poisson mais des oiseaux à tête de femme ? C'est la mythologie germanique et nordique qui au cours du temps, et en particulier au Moyen Age, remplaça ces divinités ailées par des êtres mi-femmes mi-poissons.
(Vase grec du Vème siècle av. JC)
(Mosaïque au musée du Bardo, Tunis)
Et d'un coup d'aile, nous voilà transportés de l'Antiquité au début du XIXème siècle à Paris où un glacier napolitain inventa une crème glacée à 3 couches de parfum différent. Au XXème siècle, la marque Lu s'en inspire pour créer ceci :
qui n'est pas sans analogie avec mon Napolitain à moi, né au XXIème siècle :
(adaptation d'un de mes modèles)
Seuls les anges ont des ailes
Ce film de 1939 de Howard Hanks avec Cary Grant relate les aventures de 2 pilotes assurant la distribution de courrier, aventures pimentées par les caprices de la météo et ceux de deux femmes.
C'est le film qui révéla Rita Hayworth.
Pas mal, non ?
Mais désolée, je ne vais pas vous parler de Cary Grant.
Seuls les anges ont des ailes ?
C'est faux. Les oiseaux aussi.
Et en latin, oiseau ça se dit avis, qui a donné les mots aviaire, aviculture et ornithologie (trouvez l'intrus).
Et avis, ça nous parle aussi de transport :
Raté, on ne va pas parler non plus de voitures, mais d'avions, puisque ce mot vient bien d'avis. Donc en dehors des anges et
des oiseaux, les avions ont aussi des ailes. Ce qui est normal puisque ce sont des coucous.
Ceux qui les "conduisent" sont des pilotes ou des aviateurs. Qui quelquefois ressemblent à des oiseaux.
Prenons Saint Exupéry par exemple. Un oiseau, si on y regarde de près, c'est un "animal ovipare à deux pieds, ayant des plumes et des ailes". Saint Ex était bien un animal (mammifère), mais son espèce (humaine) est vivipare ; par contre, il avait bien des ailes quand il pilotait et surtout une belle plume.
Qui ne connaît le Petit Prince ou Vol de Nuit, Terre des Hommes ou encore Citadelle ?
Sacré bonhomme, sacré tempérament. Elève peu brillant, il obtient son brevet de pilote pendant son service militaire et ne rêve que d'entrer à l'armée de l'air. Mais devant les réticences de Louise de Vilmorin (sa fiancée), il finit par faire d'autres choses qui l'ennuient profondément ; et entre-temps, Louise a repris sa liberté.
A 26 ans, il est embauché pour effectuer du transport de courrier sur des vols entre Toulouse et Dakar par une compagnie qui deviendra l'Aéropostale. Il séjournera dans différents pays, il sera pilote, écrivain, journaliste et reporter, et aura plusieurs crashs à son actif. Aviateur parfois distrait, "Pique la lune" comme on le surnomme disparaîtra à 44 ans le 31 juillet 1944 lors d'un vol de reconnaissance dans le sud de la France, juste avant le débarquement des Alliés en Provence.
"Dessine-moi un mouton" va nous rapprocher du tricot. Voilà un petit Aviatrix avec une laine moyenne verte, juste pour "voir" le patron. Pas difficile à faire, mais les explications manquent de précision à certains endroits.
Un autre drôle d'oiseau, ou plutôt d'oiselle, Marie Marvingt.
Une femme de caractère, née en 1875, qui parle plusieurs langues, obtient le permis de conduire des automobiles, des locomotives et des bateaux à vapeur, décroche 4 brevets de pilote, pratique de très nombreux sports (17 records mondiaux à son actif), veut participer au Tour de France cycliste (et y participe). Elle s'intéresse à la cuisine, l'astrologie, aux arts. La "fiancée du danger" est la femme la plus décorée de France : 34 médailles.
Pendant la Première guerre mondiale, elle se déguise en homme pour participer à des actions militaires dans les tranchées ! Elle invente l'aviation sanitaire plus efficace pour évacuer les blessés.
Dans l'entre-deux-guerres, elle est journaliste et officer de santé des armées (elle est infirmière). Au cours de la deuxième guerre mondiale, elle officie comme infirmière de l'air.
A 80 ans, elle vole dans un supersonique ; à 85 ans, la voilà qui pilote le premier hélicoptère à réaction !
Ah ! c'est sûr, elle a tout fait sauf du tricot. Eh bien tant pis ! J'ai tricoté pour elle un deuxième Aviatrix. En rose.
avec une fleufleur et de la dentelle du côté où il n'y a pas le bouton.
Il est temps qu'on se quitte, non ?
Ave (ablatif de avis, oiseau ou bien vocatif de aveo, saluer),
à bientôt,
Christine
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